05 août 2010

Cystite Interstitielle

La cystite interstitielle est une maladie chronique inflammatoire de la vessie, avec des symptômes très douloureux. Les symptômes ressemblent à une infection bactérienne, mais les antibiotiques n'ont aucun effet sur elle; les tests d'urine sont stériles. Les symptômes caractéristiques sont la douleur, l'urgence et la fréquence urinaires. À mesure que la maladie évolue, on remarque une difficulté de plus en plus grande à uriner. La douleur peut être ressentie en tant que brûlure, sous forme de spasmes, dans la vessie ou autour ou poignardant dans le vagin avec une sensation de pression. Elle peut être constante ou intermittente. Elle irradie également dans toute la région pelvienne y compris le ventre, les intestins, dû à l'inflammation des nerfs pelviens

La douleur peut être intensifiée lorsque la vessie est pleine, et allégée lorsqu'elle est vidée. Elle se manifeste souvent dans la région pelvienne, abdominale. Elle s'étend parfois jusqu'à la partie inférieure du dos, et peut également être sentie dans l'aine et dans les cuisses. Chez les femmes, la douleur peut être dans le vagin et chez les hommes, dans le pénis, les testicules, le scrotum et le périnée. On peut la retrouver aussi à l'urètre autant chez les hommes que chez les femmes.

Certains patients éprouvent de la difficulté à uriner ou à vider complètement leur vessie. Les femmes ont parfois des fuites d'urine après avoir quitté la toilette, et ont peur de devenir incontinentes, mais ce n'est normalement pas le cas. Le problème peut être résolu en prenant plus de temps afin de s'assurer que la vessie est bien vidée ou encore en utilisant des protèges dessous car ce n'est habituellement que quelques gouttes d'urine qui s'écoulent. L'alternance entre une poussée et une diminution des symptômes est caractéristique de la cystite interstitielle. Beaucoup de femmes (pré-ménopausées) trouvent que leurs symptômes s'aggravent avant et pendant les menstruations, probablement dû aux changements hormonaux qui agissent sur les cellules de la vessie. Les rapports sexuels peuvent être douloureux pour les patients et pour certains totalement impossibles. Ce qui peut rendre la vie de couple plus difficile. Beaucoup d'entres eux ont une exacerbation de leurs symptômes à la suite d'un effort physique ou d'un événement éprouvant émotivement. Mais il est important de souligner que ceci n'est pas une cause de la CI.

Épidémiologie :
90% des patients souffrant de la cystite interstitielle sont des femmes. Par contre, on peut retrouver la maladie chez des enfants, bien que selon les critères officiels, le diagnostic ne peut être donné à un patient de moins de 18 ans.

Cystite interstitielle et infections urinaires :

Dans les débuts de la maladie, les symptômes peuvent apparaître et se résorber d'eux-mêmes. Il est essentiel d'effectuer une culture d'urine afin de distinguer la CI de la cystite bactérienne. Pour compliquer les choses, des patients peuvent avoir des infections urinaires en plus de la cystite interstitielle. Une infection peut considérablement aggraver les symptômes de la CI et devrait être traitée avec un antibiotique approprié. Mais les symptômes de la CI ne disparaissent pas pour autant, au contraire, ils peuvent graduellement s'aggraver, et la vitesse à laquelle ceci se produit varie énormément d'un patient à l'autre. Certains verront leurs symptômes augmenter très lentement au fil des années alors que pour d'autres, ils peuvent progresser à une étape avancée dans un temps plus court avec comme résultante une vessie fibreuse et une capacité minimale.

Traitement

Les résultats des traitements peuvent différer d'un patient à l'autre. C'est pourquoi il faut en essayer plusieurs avant de déterminer lequel sera le plus efficace. C'est d'ailleurs une autre raison de suspecter que la CI puisse être multifactorielle. Le traitement de la CI peut se faire avec divers médicaments, par instillation et distension de la vessie, par la stimulation de nerfs ou par la chirurgie. Le traitement peut-être entravé par des exacerbations et des rémissions de symptômes qui sont caractéristique de la cystite interstitielle.

Il est donc difficile de dire si une amélioration a été causée par un médicament ou simplement par une rémission spontanée.
Voici les différents moyens de soulager les douleurs occasionnées par la cystite interstitielle, bien que , dans l’état actuel de la recherche, aucuns ne soient curatifs :

LES MÉDICAMENTS ADMINISTRÉS PAR VOIE ORALE

ELMIRON™(polysulfate de pentosan sodique) :

Elmiron est l’unique médicament administré par voie orale dont l’utilisation est approuvée pour la CI. Il agirait en restaurant la muqueuse vésicale amincie ou détériorée. L’effet thérapeutique apparaît après de deux à quatre mois de traitement. Environ 60 % des personnes rapportent une diminution de la douleur après trois mois de médication. Le pentosan sodique est contre-indiqué chez les femmes enceintes. Il est suggéré d’évaluer l’efficacité du traitement après 3 mois, s’il n’y a pas d’amélioration des symptômes et que le traitement est bien toléré, une prolongation de 3 mois suivi d’une 2e évaluation est de mise. Les risques et bénéfices de poursuivre un traitement après 6 mois sans amélioration des symptômes n’est pas connu. Le traitement par ELMIRON doit se poursuivre à longue échéance pour que l'effet thérapeutique persiste. ELMIRON est généralement bien toléré.
Des effets indésirables sont rarement rapportés et ils ne nécessitent habituellement pas l'interruption du traitement. Les effets les plus fréquents sont de nature gastro-intestinale (malaise, diarrhées, nausées) et dermatologique (éruption cutanée, alopécie) dans moins de 3% des cas.

Posologie : Elmiron 100 mg, 1 capsule TID avec de l’eau 1 heure avant ou 2 heures après le repas.

Dans les études cliniques, ELMIRON a été administré avec de l’eau une heure avant ou deux heures après les repas; l’effet des aliments sur l’absorption de polysulfate de pentosan sodique n’est pas connu.

ANTIDÉPRESSEURS TRICYCLIQUES:

Les résultats obtenus avec les antidépresseurs tricycliques comme l’ Elavil™ (amitriptyline) suggèrent une amélioration au niveau de la douleur et de la fréquence chez les patients atteints de CI. Dans le cadre du traitement de la CI, ces médicaments sont utilisés pour leurs propriétés analgésiques et non antidépressives. Leur effet anticholinergique contribue à réduire la fréquence urinaire tandis que leur effet sédatif leur action sur certains neurotransmetteurs permettent de désensibiliser le cerveau aux impulsions de douleur.
Dans le cas de la CI, les antidépresseurs tricycliques les doses nécessaires sont inférieures à celles utilisées pour traiter la dépression. Les antidépresseurs tricycliques les plus souvent utilisés pour traiter la CI sont l’amitriptyline (Elavil™), la désipramine (Norpramin™), la nortriptyline (Pamelor™), la doxépine (Sinequan™) et l’imipramine (Tofranil™). Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (SSRI) tels que la paroxétine (Paxil™) peuvent également être efficaces. Le soulagement de la douleur avec ce type de produit peut nécessiter 3 semaines et plus de traitement.

Posologie (dlr chronique) : Elavil 25 mg ( ou 5 à 10 mg selon up to date) 1 co hs, peut être augmenté selon la tolérance ad 100 mg

GABAPENTIN :

Le gabapentin est utilisé pour le soulagement des douleurs neuropathiques et peut être tenté pour soulager la douleur due à l'inflammation des nerfs pelviens. Prévoir en moyenne 7 jours de traitement avant d’observer un soulagement de la douleur.

Posologie (dlr) : 300 à 1800 mg / jour en 3 doses.

ANTIHISTAMINIQUES:

Les antihistaminiques sont administrés avec succès pour le traitement de la CI, surtout chez les patients souffrant conjointement d’allergies. L’antihistaminique le plus répandu est l’hydroxyzine, un inhibiteur de la dégranulation des mastocytes qui semble avoir une action bénéfique sur les symptômes de certains patients atteints de CI, et qui présente également des propriétés sédatives et anxiolytiques.

Une étude sérieuse n’a par contre pas prouvé de bénéfices de l’utilisation de l’hydroxyzine par rapport au placebo dans le traitement des symptômes de la cystite interstitielle.(Parsons, CL, Koprowski, PF. Interstitial cystitis: Successful management by increasing urinary voiding intervals. Urology 1991; 37:207).

Évidemment, l’emploi de l’acétaminophène ou d’un AINS peut aider à soulager la douleur.

AUTRES TRAITEMENTS

RÉGIME ALIMENTAIRE :

L’élimination de certains aliments (acides ou épicés, par exemple) peut soulager les symptômes associés à la CI. Le tabagisme, le café, le thé, le chocolat et l’alcool peuvent également aggraver les symptômes. Il est recommandé de boire 2L d’eau non chlorée par jour (pour enlever le chlore de l’eau, laisser reposer un pot d’eau 12h au frigo ou à température ambiante), ce qui permet de diluer l’urine et réduire l’irritation sur les parois de la vessie.

Les médecins découvrent parfois que certains patients atteints de CI présentent d’autres symptômes résultant d’allergies alimentaires. Les allergies au blé, au maïs, au seigle, à l’avoine et à l’orge sont courantes. D’autres patients allergiques au lait et souffrant d’intolérance au lactose peuvent manifester une réaction aiguë à ces aliments. Bien que l’existence de l’allergie généralisée à la levure fasse encore l’objet de controverses dans le monde médical, un certain nombre de patients atteints de CI remarquent des résultats positifs en suivant un régime qui élimine levures, sucres, fromages, moisissures, alcools et aliments fermentés.


Références :
1. Patient information: Treatment of painful bladder syndrome and interstitial cystitis, Site Up to Date: www.uptodate.com
2. e-CPS: www.e-therapeutics.ca
3. Vigilance (logiciel)
4. Site de passeport santé: www.passeportsante.net
5. Site de l’Association de la cystite interstitielle du Québec, www.cystiteinterstitielle.org


Rédigé par Christiane Bonin, stagiaire

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