03 février 2011

Compte rendu sur l’emploi du finastéride pour l’alopécie féminine

Le Propecia® est-il efficace pour cette indication?

•La monographie du produit ne reconnait qu’une seule indication : l’alopécie masculine androgénogénétique légère à modérée. Plusieurs mentions, en caractère gras, parsèment la monographie quant à l’absence d’indication chez la femme. Le produit est tératogène et peut entraîner des anomalies des organes génitaux chez le fœtus mâle; les femmes enceintes (ou pouvant l’être) doivent éviter tout contact avec les comprimés.

•La FDA, dans la description (ou « label ») du finastéride, restreint également l’utilisation à seulement la perte de cheveux masculine.

•La majorité des études, qu’elles soient randomisées ou non ou limitées à l’observation d’une seule patiente, se sont cantonnées à des populations de femmes ménopausées, et ce, afin d’éliminer tout risque tératogénique.

•Les rapports de cas, les séries de cas et les études prospectives ou rétrospectives non contrôlées tendent, dans l’ensemble, à démontrer une certaine efficacité du finastéride à renverser l’alopécie féminine ou, à tout le monde, à la ralentir. Le nombre de participants variait de 1 à 37 et les doses étudiées de finastéride, de 5 mg par semaine à 1 mg die à 5 mg die. Les caractéristiques hormonales des participantes variaient également : certaines démontraient des signes francs (physiques ou de laboratoire) d’hyperandrogénécité et d’autres non. Aussi, certaines de ces études ont étudié des traitements adjuvants tels le minoxidil 2% ou le Diane® 35.

•Une étude randomisée et contrôlée, mais non à l’aveugle, n’a démontré aucune différence entre le groupe placebo et le groupe clinique, qui a reçu du finastéride 5 mg die pendant un an. Par contre, les cohortes n’étaient composées que de 12 femmes.

•L’unique étude randomisée, contrôlée et à double aveugle a étudié le finastéride 1 mg die chez 67 femmes ménopausées sans élévation des concentrations sériques de DHT (placebo = 70). Le décompte des cheveux à 6 mois et 12 mois était similaire entre les deux groupes ainsi les analyses par biopsies du cuir chevelu et les évaluations subjectives de la perte capillaire faites par la patiente et par un clinicien.

•L’incidence des effets indésirables rapportés dans cette étude (céphalées, bouffées de chaleur, nausées et dépression) était plus grande dans le groupe placebo.

•D’autres effets indésirables potentiels de l’utilisation du finastéride chez les femmes : gynécomastie, diminution de la libido.

L’utilisation du finastéride pour l’alopécie féminine repose sur des bases scientifiques plutôt fragiles : les deux études ayant les meilleures méthodologies ont plutôt révélé une efficacité similaire du traitement au finastéride à celle du placebo. De plus, seuls quelques rapports de cas, études de séries de cas et études non contrôlées soutiennent l’efficacité du finastéride en tant qu’agent réducteur d’alopécie féminine. Et ces articles sont souvent associés à de biais de publication importants. Par contre, devant la pauvreté des options dans le traitement de l’alopécie chez les femmes, le seul ayant des bases solides étant le minoxidil 2%, les patientes n’ont d’autres choix que de se tourner vers des agents de deuxième ligne n’ayant que peu de preuves scientifiques. Le Propecia, dans ces derniers, a l’avantage de causer peu d’EI. Les autres agents de secondes lignes sont : le spironolactone, le flutamide, les contraceptifs oraux avec cyproterone ou drospirenone et l’oestradiol topique.




Références

1. Potvin K. Quels sont les choix de traitement de l’alopécie androgénétique chez la femme. Québec pharmacie, février 2004, vol. 51(2); 107-109.
2. Stout S. et Stumpf J. Finasteride Treatment of Hair Loss in Women. Ann Pharmacoth, 2010, vol. 44; 1090-1097.
3. Camacho-Martinez F.M. Hair loss in women. Sem Cutaneous Med Surg, 2009, vol.28; 19-32.
4. Monographie du Propecia® consultée sur le site de Santé Canada le 29 janvier 2011.
5. Price V.H. et coll. Lack of efficacy of finasteride in postmenopausal women with androgenetic alopecia. J Amer Acad Derm, 2000, Vol 43(5); 768-776.

Rédigé par Geneviève Breton, stagiaire

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